La révolution futuriste qui amènera les artistes au pouvoir ne promet pas le paradis terrestre
Filippo Tommaso Marinetti est italien mais son manifeste paraît en France, dans leFigaro, le 20 février 1909. Cent ans plus tard, la France et l’Italie rivalisent pour la commémoration du centenaire du Manifeste Futuriste. Pour les commissaires de l’exposition milanaise, le Manifeste aurait été publié dès le 5 février dans laGazzetta dell’Emilia, l’honneur est sauf.
Son auteur, Filippo Tommaso Marinetti, millionnaire et poète, passionné par les signes de la modernité comme les voitures rapides, les machines et l’électricité, décide de changer le monde, sortir l’art des musées, démolir les bibliothèques, combattre le féminisme et en finir avec l’ordre établi.
« La révolution futuriste qui amènera les artistes au pouvoir ne promet pas le paradis terrestre. Elle ne pourra certes pas supprimer le tourment humain, qui est la force ascensionnelle de la race. Les artistes, infatigables aérateurs de ces souffrances fébriles, réussiront à atténuer la douleur. Ils résoudront le problème du bien-être de la seule façon dont il peut être résolu, c’est-à-dire spirituellement. […] Grâce à nous le temps viendra où la vie ne sera plus simplement une vie de pain et de sueur, ni une vie d’oisiveté, mais où la vie sera une vie-œuvre d’art. »
Le mouvement de Marinetti, comme il se doit de tout mouvement d’avant-garde, prône la transgression dans tous les domaines artistiques et il crée ainsi, sur une période de trente ans des manifestes pour nombre de disciplines: “Manifeste de la Photographie Futuriste”, de la “Céramique Futuriste”, et d’autres interventions sur la peinture, la musique ou la littérature, la mode, les femmes. La politique a donc droit à son “Manifeste du Parti Politique Futuriste” (en 1918) et même la gastronomie avec son dernier manifeste, celui de la “Cuisine Futuriste” (1931) dans lequel il milite pour le bannissement des pâtes du menu de ses compatriotes.
Autour de Marinetti, les peintres Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Carlo Carrà, Luigi Russolo et Gino Severini, proclament l’identité de l’art et de la vie par le biais de la notion de vitesse. Héritant de la philosophie de Bergson et de la théorie de la relativité d’Einstein selon lesquelles la stabilité est une illusion rétrograde, ils choisissent la vitesse comme moyen de percevoir et d’acquiescer au principe fondamental qui régit le monde moderne, le mouvement.
Sont ainsi glorifiées les usines et les inventions modernes, et tous les bruits qui en émergent. Ainsi, Luigi Russolo et Francisco Balilla Pratella, à travers une théorisation de la notion de bruit, vont faire l’apologie du son, qui influencera les Dadaïstes et plus tard la musique contemporaine. Plus noire est la vénération pour les techniques au service de la guerre. Walter Benjamin cite ainsi un manifeste de 1935 sur la guerre d’Ethiopie, dont Marinetti proclame littéralement la beauté : « La guerre est belle, parce que, grâce au masque à gaz, au terrifiant mégaphone, aux lance-flammes et aux petits chars d’assaut, elle fonde la souveraineté de l’homme sur la machine subjuguée. La guerre est belle, parce qu’elle réalise pour la première fois le rêve d’un homme au corps métallique. La guerre est belle, parce qu’elle enrichit un pré en fleur des orchidées flamboyantes que sont les mitrailleuses. »
Durant trente ans de création, la multiplicité des champs d’intervention du futurisme et sa volonté déclarée de redessiner la réalité selon ses propres modèles révolutionnaires représente la spécificité la plus marquée du futurisme au sein des avant-gardes européennes du début du XXème siècle. Le mouvement est ensuite victime de son identification au fascisme, malgré la démission de Marinetti, en 1920, quand la formation de Mussolini raye de son programme le droit de grève, l’antimonarchisme et l’anticléricalisme.
Prezzolini, intellectuel nationaliste, confirme la rupture, en juillet 1923, dans Il Secolo un long et dense article intitulé « Fascismo e Futurismo », dont voici l’un des derniers paragraphes qui fait référence au mot librisme poétique futuriste : « Le Fascisme italien ne peut accepter le programme destructeur du Futurisme, et il doit même, dans sa logique italienne, restaurer les valeurs qui s’opposent au Futurisme. (…) Le Fascisme, s’il veut vraiment gagner sa bataille, doit désormais considérer qu’il a absorbé ce que le Futurisme pouvait avoir d’excitant, et réprimer tout ce qu’il contient encore de révolutionnaire, d’anticlassique, d’indiscipliné du point de vue de l’art. » (1)
Au début des années 70, une des retombées les plus agréabl
"Vous êtes des cumulards!"
En 1981, Georges Marchais est de nouveau en colère. Lors de la campagne pour la présidentielle, il tente de mettre en avant ses propositions sur TF1, mais est systématiquement interrompu par les journalistes. Ce soir là, ces derniers posent manifestement les mauvaises questions. Jusqu'à l'esclandre : "Non, nous ne m'aurez pas ! [...] Vous n'êtes pas intéressés par le changement. Vous avez l'un et l'autre, une situation confortable. Vous avez un travail assuré. Vous êtes même des cumulards : radio télévision, presse écrite... Vous avez un bon revenu. Peut-être êtes-vous sous le coup de ma proposition, au-dessus de 4 millions, 100 % d'impôts, je prends tout (sic). Je comprends, dans ces conditions, que vous ne vouliez pas du changement."
"N'ayez pas peur de rêver, vous les petits, les sans-grade, les exclus."
Une mutinerie est une action collective de rébellion au sein d'un groupe réglé par la discipline, les détenteurs de l'autorité étant généralement mis en cause avec vigueur ; elles surviennent donc plus spécialement dans les armées, les prisons et bagnes, les équipages.
Etymologie : Sans doute lié à la bataille de Mutina (actuelle Modène) en -43, entre Marc Antoine et Octave.
la rose et le réséda
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Tous deux étaient fidèles des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous le grêle fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles au coeur du commun combat
Celui qui croyait celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle la sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle l'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel a le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Un rebelle et un rebelle deux sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang ruisselle même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
Il coule, il coule, il se mêle à la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes de Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle le grillon rechantera
Dites flûtes ou violoncelle le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle la rose et le réséda
Louis Aragon